Le Littéraire dans le quotidien: Resources for a transdisciplinary approach to reading/writing at the first and second year levels of college French ~Joanna Gay Luks • 2013 • CC BY |
Lecture
Préparation
The Fall of France
By Dr Gary Sheffield
Adolf Hitler came to power in Germany in 1933, leading Winston Churchill to remark, shortly afterwards, 'Thank God for the French Army'. To Churchill at that time, France's army seemed a powerful bulwark against possible Nazi aggression towards other European nations.
The defeat of this powerful army in a mere six weeks in 1940 stands as one of the most
remarkable military campaigns in history.
Source: http://www.bbc.co.uk/history/worldwars/wwtwo/fall_france_01.shtml
Robert Jourdan, my husband’s grandfather, was a French conscripted soldier who experienced the Fall of France in Normandy. My mother-in-law writes:
Je suis née en 1938 dans une petite école de campagne où mon père était l’instituteur. En septembre 1939 Papa, alors agé de 33 ans, a été rappelé par l’armée française: c’était la mobilisation; il a été envoyé à Clermont en Argonne près de Verdun, nous laissant, par obligation, seules à la maison: ma grand-mère (veuve de la guerre de 1914-1918), maman et moi.
Les Allemands ont envahi la France par le Nord et l’est provoquant alors une véritable désorganisation au sein de l’armée française. Le Lieutenant dont dépendait Papa décida un jour [le 13 juin 1940] de partir, de fuir avec ses soldats. Six jours plus tard, à Sémur en Auxois, ils furent finalement pris par les Allemands et emmenés en captivité en Allemagne.
Papa est rentré à la maison le 14 avril 1945.
You will read several texts by Robert Jourdan:
- A poem written on the eve of his departure for military service in 1939;
- Excerpts from a tiny notebook in which he managed to document his attempted escape and subsequent captivity by Nazi soldiers: June 13 – August 6, 1940
- A selection of cards dating from April to August of 1943 that he made and sent to his wife, daughter and mother during his captivity in Nazi prisoner-of-war camps. (The total time of his capitivity was from June 1940 to April 1945.)
During the first years of the war, prisoners were allowed to send letters to their families, but these were first read and censored by the Nazi authorities. Reading the poem and the excerpts from Robert’s notebook will help you to establish a context for better understanding some of the symbolism underlying the drawings and messages in the cards he later created in order to get past the censors.
Première lecture
1. Lisez les textes suivants.
a. Utilisez un dictionnaire pour chercher les mots que vous ne connaissez pas. Faites attention au contexte afin de bien choisir les sens appropriés. Notez soit la traduction en anglais soit une définition ou un synonyme en français.
b. Annotez aussi les textes en soulignant les mots/phrases qui provoquent un sentiment fort chez vous, et notez vos réactions, vos associations et vos questions.
Le texte nº 1
Poème écrit la veille du départ de Robert Jourdan
6 septembre 1939 Adieu maison calme et tranquille Abri de mon printemps joyeux, Quand loin de toi, le sort m'exile JE SENS DES LARMES DANS MES YEUX; En m'éloignant, à ma tristesse Je mêle un peu d'effroi! Adieu donc! Je serai bien loin demain! Comme la tendre hirondelle, De loin.....vers toi.....je reviendrai... Retrouver celles que j'aime..... |
Le texte nº 2
Des extraits du carnet de Robert Jourdan
13 juin 1940 La route est garnie de la longue file des réfugiés qui s’enfuient en hâte devant les Allemands, ceux qui ont pu passer la rivière à temps. Scènes pénibles. Les uns à pied avec valises, d’autres poussant une brouette comble, une voiture d’enfant, un vélo, une voiturette. De pauvres petits à pied, d’autres gens en voiture, en auto. Chacun a mis en hâte les affaires indispensables. Les fermières n’ont pas oublié le chat de la maison, ni la couvée de poussins éclos de quelques jours; les jeunes poulains suivent leur mère. Certaine grand-mère tenait son chien, fidèle serviteur. Parmi tous ces objets hétéroclites dépassait la figure coloriée d’une poupée ou le petit ours bien aimé des petits qui semblait heureux de faire son premier voyage. 14 juin 1940 […] nous entrons dans une ferme abandonnée. Les poules, oies, canards, dindons se promènent pépiant, criant, chantant, gloussant. Les lapins sont en clapier, triste aspect. Nous nous installons près de la maison dehors…des avions… […] Dans la cave, nous trouvons du vin, une barrique presque vide; du vin de pays, sec mais bon. Quelques bonnes bouteilles au caveau. Nous attrapons quelques poules que nous donnons à des réfugiés. Je fais un tour avec Albert: nous ramassons 10 oeufs. Nous lâchons des dindes qui étaient enfermées à couver sous des paniers. […] ces pauvres bêtes avaient été oubliées et allaient crever de faim et de soif. […] Les soldats du Train nous prêtent un cheval et nous grimpons dans les voitures. Je suis avec Alain. Je pleure beaucoup, cela soulage tant. .................................................................................. 15 juin 1940 Val Perdu nous apparaît assez proche, tout fumant. Il vient de subir un atroce bombardement par les Italiens1 […] Triste vision, presque tout le village est détruit, les maisons flambent partout. Ce n’est qu’un brasier: des murs qui tombent, des ardoises qui éclatent. Le curé du pays s’occupe avec gens et soldats à la recherche des victimes. Il y en a beaucoup (victimes civiles et militaires) […] Plus loin, vision atroce et totale: 3 voitures de réfugiés sont arrêtées, les gens sont affairés… qu’y a-t-il?… Nous avons été mitraillés plusieurs fois. 4 victimes, le grand-père de 84 ans tué de 4 balles, 3 femmes (dont une jeune fille) blessées. Triste exode. Nous aidons à remettre ce pauvre vieil homme dans une voiture au désir des survivants. […] A la sortie de la ville, nouvelle vision de l’horreur. Les réfugiés et soldats, cachés le long de la route sous les arbres, ont été mitraillés. Des cadavres dans les fossés sont cachés sous des couvertures; des blessés ne sont pas encore enlevés, une femme notamment. Des chevaux sont tués. Les arbres sont abîmés. […] La route devient pénible car nous avons faim et plus rien à manger. .................................................................................. 17 juin 1940 […] Dans l’après-midi, [certains soldats] s’en vont en reconnaissance. Ils voient une garde-barrière très proche; elle leur dit que l’armistice est signé, que les Allemands nous renvoient, qu’ils donnent à manger […] .................................................................................. 19 juin 1940 Arrivée à Sémur, remplie d’Allemands, de véhicules, de Français fatigués, exténués. On nous emmène dans une maison, sorte d’asile, on nous fouille. Il faut jeter cartes, lampes électriques, couteaux, fourchettes, ceinturons, casques… Cette fois, c’en est fait de notre liberté, elle a dû rester sur la rue. […] Fuir était notre seul souci. Pourquoi, je ne sais pas… Les Allemands pourtant sont aimables. Ils auraient pu nous réduire en pâté sur ces kilomètres de file ininterrompue de gens en exode. Nous ne nous cachions même plus, poussés par l’idée de fuir, d’éviter d’être pris. Quel tort nous avons eu de prendre tant de peines inutiles, de voyager nuit et jour sans prendre le temps de manger. J’ai pu me résoudre à jeter […] tant de choses de valeur pour ma vie. [Mais] je l’ai sauvée… Merci ND2 de Lourdes. Mon bonheur, mon désir: revoir les miens, ma petite mignonne, ma grande bien aimée, ma si chère maman. Tous ceux que j’aime. Que pensent-ils? Je suis vivant? Et elles pleurent? Ste Vierge consolez-les. | 1“The Italian invasion of France in June 1940 was a small-scale invasion that started near the end of the Battle of France […] Feeling that the war would soon be over, Italian dictator Benito Mussolini said to Pietro Badoglio, the Chief of Staff of the Italian Royal Army, "I only need a few thousand dead so that I can sit at the peace conference as a man who has fought". […] However, Italy was not prepared for war and Italy's armed forces made little impact.” Source: http://en.wikipedia.org/wiki/Italian_invasion_of_France 2Notre Dame |
Carte nº 1:
Cartes nº 2:
Cartes nº 3:
Carte nº 4:
Carte nº 5:
Regardez de plus près
- Regardez les cartes encore une fois. Notez ci-dessous tous les mots ou les phrases, ainsi que tous les aspects des images, qui vous semblent symboliques ou métaphoriques de la guerre, l’occupation ou la prison.
Par exemple: l’hiver = la guerre
Allons plus loin
- Avec un partenaire : Comparez vos réponses dans les sections Première lecture et Regardez de plus près.
Texte nº 1
a. Quelles sont vos impressions sur le poème ? Si vous étiez dans des circonstances similaires, quel genre d’écriture ou/et quel type de documents créeriez-vous pour exprimer vos sentiments ?
Texte nº 2
b. Quel(s) mot(s) ou quelle(s) ligne(s) dans les extraits du carnet attire(nt) le plus votre attention? Pourquoi?
- Maintenant, comparez vos réponses de la section Regardez de plus près avec les informations supplémentaires et les interprétations suivantes:
a. Carte nº 1:
- On voit le nom, Marie-Claire, écrit sur la cloche. Marie-Claire est le nom de la fille de Robert (ma belle-mère) et son anniversaire est le 28 avril. La carte est datée du 11 avril.
- l’hirondelle (swallow) et «Je reviendrai...»
The swallow is known as ‘the bird of freedom’. […] This reflects the fact that one of the chief characteristics of the swallow is that it cannot endure captivity, but is forced by instinct to pass from one country to another for the purpose of keeping itself in a tolerably uniform temperature, moving northwards as the spring ripens into summer, and southwards as autumn begins to sink into winter. […] Swallows have been observed to leave the country on their migration, and to return in the following year to the identical nest from where they started.”
Source: http://www.thewonderofbirds.com/swallow/
b. Cartes nº 2:
- « Vite au lit mes chéris… » = cachez-vous bien mes chéries, jusqu’à la fin de la guerre
- « le beau soleil », le printemps = la fin de la guerre, la paix
- « Vilaine méchante » (la taupe/the mole) = les Nazis
- « Ce jardin n’est pas pour vous… filez vite aux champs » = Quittez la France!
- « Je fais mes provisions pour l’hiver » = préparez-vous (mes chéris) pour une longue guerre
Les sauterelles (grasshoppers) =
Selon la loi du Sinaï, les sauterelles faisaient partie des animaux purs qui pouvaient être mangés (Lév. 11, 21 et suiv.; Matt. 3, 4). D’entre tous les petits animaux […], seuls « ceux qui ont, au-dessus de leurs pieds, des jambes avec lesquelles ils sautent » étaient permis, c’est-à-dire ceux qui sont capables de s’élever spirituellement au-dessus de l’impureté de la terre […]. En Proverbes 30, 27, les sauterelles peuvent par conséquent être vues comme une figure des
croyants qui sont conduits par la puissance invisible du Saint Esprit.
Source: http://www.bibliquest.org/Remmers/Remmers-Images_et_types.htm#S
c. Cartes nº 3:
- « Aurons-nous une bonne pluie? » = un bombardement allié
Note: les fils barbelés ont été enlevés des dessins par les censeurs nazis
d. Carte nº 4:
- « Les fleurs ne sont pas pour vous. » : Puisque les limaces / escargots et les chenilles (slugs / snails and caterpillars) détruisent les fleurs, les limaces / escargots et les chenilles = les Nazis
- Le nom Madame Croquevite : croquer = to munch/eat by biting
- « Si vous revenez, je vous donnerai aux petits oiseaux » = aux forces alliés
Note: Il y a une fable de La Fontaine intitulée L' Hirondelle et les petits oiseaux.
Robert Jourdan était instituteur et, à l’époque, les fables de La Fontaine constituaient une partie du curriculum à l’école. La morale de la fable:
Nous n'écoutons d'instincts que ceux qui sont les nôtres
Et ne croyons le mal que quand il est venu.
Source: http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/moralfabl8h.htm
e. Carte nº 5:
- « Voici une belle noisette pour finir l’hiver » = une grosse bombe pour terminer la guerre.
- Les noms : Pouf = the sound of an explosion
Trotte-vite: trotter = to trot, scamper or run away
3. Avez-vous eu des interprétations différentes ? Si oui, comparez vos interprétations avec la classe et soyez prêt à les justifier. Décidez ensemble des idées qui vous semblent les plus compatibles au contexte de la Seconde Guerre mondiale en France.
4. Avec la classe, échangez vos opinions à propos des descriptions, des informations ou des éléments dans les textes (le poème, les extraits et les cartes) que vous trouvez les plus touchants.
Écriture
Source: Morguefile (free photo license)
Type de texte
une lettre d’amour ou une lettre exprimant votre affection (famille, amis)
Votre écrit
En utilisant les directives ci-dessous, écrivez une lettre d’amour ou exprimant votre affection à une personne bien-aimée – un(e) petit(e) ami(e), un membre de votre famille ou un(e) ami(e) cher/chère. Cette personne peut être réelle ou imaginée. Puisque vous n’écrivez pas cette lettre à la main, choisissez une police de caractères (type font) appropriée. Incluez aussi une image (un dessin ou une photographie) qui symbolise vos sentiments.
Préparation
1. Quelques consignes pour écrire une lettre d’amour (ou exprimant votre affection):
Comment écrire une lettre d’amour par Claire Colvin
«Quoi de plus romantique (ou touchant) que de recevoir une lettre d’amour (ou exprimant votre affection) ? Une vraie lettre écrite à la main comme autrefois est encore la meilleure façon de célébrer la Saint-Valentin, mais ne le faites pas seulement en février. Une lettre d’amour (ou exprimant votre affection) est une merveilleuse surprise n’importe quel jour de l’année.
[…] Ce qui rend une lettre d’amour (ou exprimant votre affection) si romantique (ou touchante) est ce qui est le plus personnel. Cela montre à la personne aimée à quel point vous la connaissez bien, et cette connaissance est l’essence même de la lettre. […]
Soyez spécifique dans ce que vous écrivez. Dites exactement ce que cette personne vous fait ressentir et ce qu’elle fait pour vous mettre dans cet état. […] Avant de commencer à écrire, prenez le temps de penser à votre personne aimée. Mettez en face de vous une photo [de cette personne] afin de vous inspirer pendant que vous écrivez. Et répondez aux questions suivantes pour organiser vos idées.
- Quelle est sa plus grande qualité?
- Que voyez-vous [chez cette personne] dont elle ne se rend pas compte elle-même?
- Quelle est la chose la plus romantique (ou touchante) qu’elle vous a jamais faite?
- Quand vous a-t-elle fait ressentir que vous étiez unique?
- Quelles sont les petites choses qu’elle fait régulièrement pour vous montrer qu’elle tient à vous?
- Quand êtes-vous tombé(e) amoureux/se de cette personne (ou avez-vous commencé à l’aimer) ?
- Qu’est-ce qui en elle vous a agréablement surprise?
- Quel est votre plus beau souvenir ensemble?
- Comment le monde a-t-il changé depuis que vous vous connaissez?
[…] Vous n’avez pas besoin d’être complètement à l’eau de rose dès le début, quelque chose de simple comme « Cher/Chère ___ » est très bien. Commencez votre lettre avec une qualité que vous appréciez particulièrement chez cette personne. Faites une phrase exclusive, par exemple « Je n’ai jamais rencontré quelqu’un d’aussi ____ que toi » ou « Personne ne m’a jamais fait ressentir aussi ___ que toi quand tu ___. » Cette manière de commencer lui montre qu’elle est plus importante que n’importe qui dans vos carnets d’adresses – une belle manière de commencer une lettre d’amour.
Quand vous écrivez, dites [à cette personne] exactement ce que vous ressentez pour elle. Utilisez des exemples spécifiques qui montrent que vous avez remarqué. Rappelez-lui les choses qu’elle a faites et qui vous ont particulièrement touchée. Confiez-lui un souvenir précieux ainsi qu’un espoir. N’oubliez pas de dire “Je t’aime.” La longueur de la lettre n’a
aucune importance, ce qui compte, c’est qu’elle soit sincère. »
Source: http://pouvoirdechanger.com/blogposts/author/ccolvin/Claire Colvin
2. Écrivez un brouillon.
Rédaction en collaboration
1. Avec un partenaire, échangez vos brouillons.
a. Lisez le texte de votre partenaire une première fois. Si vous avez du mal à comprendre quelque chose, clarifiez le sens du mot ou de la signification du passage avec votre partenaire.
b. Lisez le texte une deuxième fois et préparez vos remarques sur les questions suivantes:
- Topic development
Read through the list of questions that Colvin provides and underline content in your partner’s letter that represents corresponding answers.
Has your partner included sufficient information to demonstrate how well s/he knows the addressee and to communicate how the loved one makes your partner feel? If not, are there questions that aren’t answered that could be?
- Genre conventions
Look at how the letter is addressed, how it begins, and how it ends. Look, too, at the overall formatting and the choice of type font.
Do all of these conventions appropriately match the content and tone of the letter?
- Tone & Register
Is your partner’s letter sufficiently sincere and is the register consistent?
- Use of symbolic representation
Look at the image included. Does it effectively complement the feelings expressed in the letter or add something new to the letter? Does it in some way detract? Do you think your partner should include it?
2. Révisez donc votre brouillon et préparez votre version finale.
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